Ahah ! Dans l’édition de ce mois-ci de Cerveau & Psycho, on parle de tai chi. D’habitude, je suis plutôt sceptique sur les articles sur le tai chi mais comme c’est une revue sérieuse, je me suis dis que j’allais quand même lire l’article.
La fameuse « pratique ancestrale »
Né en Chine il y a huit siècles, le tai chi chuan a conquis quelque 300 millions de personnes dans le monde. Il propose des exercices à base de mouvements lents et de souffle profond.
Cerveau & Psycho, Juillet 2021, p.57
Personnellement, ça me chiffonne comme formulation. L’histoire du tai chi commence il y a 8 siècles si on considère que c’est la famille chen qui en est à l’origine. Mais cette boxe de la famille chen des origines n’a pas grand-chose à voir avec ce que pratiquent les 300 millions de personnes dans le monde, qui pratiquent sans doute une forme de style Yang moderne (20è siècle). A mes yeux, la plupart du temps, quand on pratique le tai chi, on ce n’est pas une « pratique ancestrale » comme le dit l’introduction de l’article.
Définir le tai chi
Et évidemment, il y a le problème de dire « c’est quoi le tai chi ».
Le principe de cette discipline : canaliser l’énergie du corps, elle-même issue de la terre. Ainsi, le pratiquant puisait son pouvoir dans les pieds, dans l’enracinement du corps dans le sol, d’où l’énergie remontait et devait être orientée par le bassin, en mouvements spiraux, avant d’être libérée par la main.
Cerveau & Psycho, Juillet 2021, p.57
Appelons un chat un chat… le tai chi, c’est vrai que c’est une « discipline » mais c’est surtout un art martial. A nouveau, je trouve la formulation limite ésotérique (canaliser son énergie, puiser son pouvoir). Pourquoi ne pas dire les choses plus pragmatiquement ? La force « issue de la terre », c’est la gravité. Et l’enracinement, ce n’est que savoir conduire la force (bien physique, celle-là) du point de contact vers le sol (comme un mur, en fait… bon évidemment si vous considérez que les murs de votre maison sont « enracinés » et « puisent leur pouvoir » dans la terre… alors c’est sûr …).
Citer les études
Bon bon c’est bien de critiquer, mais il faut reconnaître qu’au moins l’auteur de l’article s’est bien documenté. C’est vrai qu’il y a des nombreuses études sur la pratique du tai chi. L’auteur se base ici sur des études de 2020, 2016, 2014 et 2013, en tout cas dans ses sources. Il mentionne à plusieurs reprises de « nombreuses méta-analyses » mais justement celles que j’ai lues récemment se montrent plutôt nuancées et prudentes sur les bienfaits que l’on peut spécifiquement attribuer au tai chi.
Tai chi et Qi Gong
L’activation du système parasympathique passe, on le sait, en grande partie par un souffle profond et maîtrisé. C’est bien cette pratique du souffle profond qui se trouve au centre du qi gong, le volet purement respiratoire du tai chi chuan.
Cerveau & Psycho, Juillet 2021, p.58
A nouveau, une drôle de formulation. Le qi gong n’est pas le volet purement respiratoire du tai chi. On peut aussi avoir une respiration (ou souffle) profonde dans sa pratique de tai chi. L’activation du système parasympathique passe en effet par deux composantes : une respiration lente (et pourquoi pas de la cohérence cardiaque?) et insister sur l’expiration.
Un art de l’attention
J’ai bien aimé le paragraphe qui parle des aptitudes attentionnelles améliorées.
Le réflexe est de lire le mot et de citer la couleur signifiée ; dès lors, quand la couleur du mot ne correspond pas, il faut bloquer ce réflexe, ce qui introduit un temps de latence dans les performances des candidats… sauf ceux qui ont pratiqué le tai-chi régulièrement pendant plusieurs mois.
Cerveau & Psycho, Juillet 2021, p.60
J’en ai déjà parlé à propos de l’utilisation de la lenteur et de l’intention. C’est chouette de voir des études qui viennent confirmer ces effets. Et même si je trouve que le tai chi s’y prête bien, je trouve ça dommage de ne pas mieux saisir ce qui produit ces effets… car à vrai dire, je crois d’autres pratiques peuvent aussi aller chercher de pareils bienfaits.
N’hésitez pas à lire l’article qui est malgré tout très intéressant. J’ai surtout insisté sur les points qui me paraissent « choquants » mais il y a aussi plein de bonnes choses à apprendre :-).