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Tai Chi

Saisir la queue de l’oiseau

Séquence emblématique du tai chi de style Yang, Saisir la queue de l’oiseau est une séquence de mouvements qui reprend les quatre dynamiques principales : parer, tirer, presser, pousser.

Je vous parle déjà de ces concepts dans mon article sur les 8 énergies ou les 13 postures, mais ici je vais me concentrer spécifiquement sur la séquence appelée « Saisir la queue de l’oiseau » (揽雀尾 Lǎn Qùe Wěi).

Dans la forme

Dans la forme des 108 mouvements, saisir la queue de l’oiseau vient juste après l’ouverture. On peut bien sûr analyser chaque mouvement individuellement, mais je le fais déjà dans les articles mentionnés dans l’introduction, je ne vais donc pas me répéter 🙂

Ce qui m’intéresse ici, c’est comment ces mouvements s’enchaînent. On constate deux paires :

  • Parer/tirer : on forme sa sphère, puis, on accepte/contrôle la force adverse et, en tournant les hanches, on la dévie. Attention à tourner à 45 degrés, pas plus!
  • Presser/pousser : lorsque la force est déviée, c’est le moment idéal pour presser : l’adversaire est proche de nous, ce qui convient bien à ce mouvement court. La transition avec « pousser » est un peu particulière car l’on va d’abord reculer pour pouvoir pousser. Dans la forme, le mouvement de pousser comporte aussi une forme de parade qui vise à écarter et/ou compresser la force adverse avant de le repousser (sorte de mouvement « deux en un » en quelque sorte 🙂 ).

La clé est dans l’avant-bras

Bien évidemment, ces mouvements peuvent être exécuté à différentes amplitudes, de manière plus large avec des transitions plus ou moins prononcées, ou de manière compacte et directe. Dans ma forme, je tends à favoriser la simplicité et éviter les transitions trop fleuries, mais parfois j’expérimente. L’important, c’est de garder le fil de la forme : une transition, qu’elle soit courte ou longue doit rester une transition, pas une sorte de mouvement intercalé.

Un point anatomique qui me semble malgré tout très important à saisir est la question de rotation de l’avant-bras (ou, pronation/supination). Voici un petit tableau pour situer les correspondances :

Radius
/ulna
PouceEnergieChaîne
musculaire
PronationCroisésIntérieurTirer
Pousser
Antérieure
(yin)
SupinationParallèlesExtérieurParer
Presser
Postérieure
(yang)

Je m’explique : transitionner de pousser vers tirer implique une rotation des avant-bras. Attention ! Quand je dis « des avant-bras » ça pourrait sembler très localisé, mais en vrai, cela va chercher plus loin (imaginez l’ouverture depuis les épaules). Cela va aussi alterner les chaînes musculaires utilisées d’une façon très yin-yang puisqu’on passe de la chaîne postérieure (parer), antérieure (tirer), postérieure (presser) et antérieure à nouveau (pousser, à nuancer puisque mouvement « deux-en-un »).

Cette force de rotation va créer une sorte « d’effet de roulement » grâce au fait que l’axe de rotation n’est pas au milieu de la main (voir schéma ci-dessous). En pratique, le bras se déplace dans l’espace (presse contre l’adversaire ou l’attire) quand vous effectuez la transition de l’un à l’autre !

La base de la poussée des mains

Ces 4 techniques sont aussi à la base des pratiques de poussée des mains qui sont enchaînées comme suit:

je pousse, il tire
il presse, je pare
il pousse, je tire
je presse, il pare

A nouveau, on voit bien la logique de la séquence: former sa sphère (la connexion entre la force et le sol), dévier la force, appliquer la force à un point précis et puis pousser.

C’est évidemment avec des tests de posture et la pratique avec partenaire qu’il est possible de comprendre pleinement la portée et la force générée au sein de ces techniques. Pour rappel, les 4 énergies ne s’utilisent pas de manière limitée à ces 4 mouvements, mais également dans de nombreuses variations.

J’espère que cet article vous permettra d’approfondir votre pratique 🙂

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