Ces derniers temps, je suis assez bien exposé à la thérapie ACT (notamment grâce à ma tendre épouse) et je suis frappé de voir à quel point certains concepts résonnent fort avec ce que l’on fait en tai chi, notamment en ce qui concerne le lâcher prise.
ACT, c’est quoi ?
Bien que ce soit une approche relativement neuve, les fondamentaux auxquels s’intéresse la thérapie ACT (Thérapie d’Acceptation et d’Engagement) sont finalement assez classiques : comment faire face à la souffrance ? C’est évidemment une problématique universelle chez l’être humain (ce n’est pas pour rien qu’il s’agit d’une pierre angulaire du discours de Bouddha). La thérapie ACT met en évidence que nous utilisons différents moyens pour éviter ces pensées et sentiments douloureux, mais que cela n’est jamais très efficace sur le long terme.
Le premier pas pour obtenir des meilleurs résultats, c’est d’accepter que la vie ne soit pas toujours joyeuse et prendre conscience de ce qui importe pour nous afin de mener des actions engagées.
Prendre conscience de la lutte
Afin de s’adapter à une situation, il importe tout d’abord de l’accepter. Ceci permet d’en saisir toutes les facettes et de la comprendre en profondeur. En tai chi, c’est aussi une partie fondamentale du travail avec partenaire : il faut d’abord écouter ce qui se passe (ting).
Ecouter, observer… cela implique que nous soyons ancrés dans notre corps et le moment présent. L’ancrage se fait à différents niveaux : évidemment, physiquement, mais aussi au niveau psychologique. C’est généralement ce que nous appelons « se relâcher » (sung) en tai chi.
Cesser de lutter et lâcher prise
Plutôt que de lutter contre ces émotions difficiles ou ces pensées qui nous embêtent, acceptons simplement le fait qu’elles sont là. Attention, accepter ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire et s’y complaire. Et c’est là je trouve que se situe un aspect qui m’intéresse beaucoup en tai chi. Sur papier, cela semble très clair de faire le processus décrit ci-dessus. En pratique, c’est une autre paire de manche.
Dans la pratique de la poussée des mains, c’est justement l’invitation qui est faite, de pouvoir expérimenter ce lâcher prise à un niveau physique et fondamental (qui, bien souvent, requiert également un travail sur notre mental et notre conception des interactions). Lutter contre l’adversaire, essayer de lui imposer telle ou telle technique… c’est cela de la lutte. Réagir, se crisper lorsque l’on est poussé : pareil, de la lutte.
Sortir de la lutte va impliquer de cesser de s’opposer directement aux actions de notre partenaire. Mais ce n’est pas pour autant que l’on le laisse faire ce qu’il veut ! Au travers de l’écoute et en travaillant sur soi-même, il devient alors possible d’éviter les conséquences nuisibles (être déséquilibré) sans pour autant lutter.
La lutte au quotidien
C’est toujours fou de voir, quel que soit notre niveau de pratique, de constater à quel point dans certaines situations nos automatismes peuvent nous conduire à réagir d’une manière qui peut nous nuire. Recâbler notre cerveau requiert un travail d’attention régulier pour obtenir des résultats durables. Malgré cela, il peut nous arriver de recommencer la lutte !
En gardant à l’esprit ces aspects dans votre pratique, je suis persuadé qu’il est possible de cheminer face à ces difficultés. Alors, en attendant le prochain article, bonne pratique à tous, et surtout, lâchez prise 😉