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Qu’est-ce que le Qi Gong ?

Derrière c’est question qui parait toute simple, nous allons essayer d’introduire quelques idées intéressantes sur ce qu’est le Qi Gong.

J’ai récemment eu l’occasion de parcourir le livre Descartes au pays du Qi Gong. Dedans, on y trouve plein de choses intéressantes, avec notamment une belle préface de Cyrille Javary (on ne lit jamais assez Cyrille Javary de toute façon).

Quand un maître chinois explique le Qi Gong, la plupart du temps il est à peine audible. Ce n’est pas de sa faute, il parle fort et bien ; ce n’est pas non plus la faute de ceux de ses élèves qui le traduisent ; non, cela tient à un simple fait culturel. Étant chinois, le maître s’exprime avec des idéogrammes, des dessins d’idées, sans équivalents dans aucune autre langue au monde et dont définition et précision ne sont pas les qualités dominantes. Vous me direz, le Qi Gong étant maintenant institutionnalisé en Chine, il doit bien y avoir un corpus de traductions des principales notions qui le fondent. Bien sûr, mais ces traductions officielles soit nanifient le champ sémantique des idéogrammes considérés, soit les trahissent. Prenons un simple exemple, le nom même du Qi Gong (氣 功 qì gōng). Le premier idéogramme est officiellement rendu par « souffle » et le second par « maîtrise », ce qui n’est pas faux, mais n’explique pas pourquoi la graphie traditionnelle du premier comporte, en bas, le signe du riz (米) et celle du second, à droite, le signe de la force musculaire (力).

Cyrille Javary dans Descartes au pays du Qi Gong

Ce que j’apprécie dans cette citation, c’est le fait qu’elle met bien en avance la tentation simpliste de dire: et bien le Qi Gong, c’est simple, c’est le travail du souffle!

Le Qi Gong recouvre une grande variété de pratiques

Le Qi Gong peut aller du spirituel au physique, en passant par le médicinal (et en lien avec la médecine chinoise). De plus spécialisé au plus généraliste, il existe une grande variété de formes de Qi Gong qui répondent à différents objectifs et destinés à différents publics.

Ce qui est commun à tous ces systèmes, c’est que tout passe par le corps. Même le plus spirituel des Qi Gong va toujours impliquer un ancrage physique et une attention à la posture. Ce « passage par le corps » correspond bien à la philosophie taoïste dont il est issu, car il s’agit de cultiver une connaissance de soi, qui commence par les aspects les plus matériels: son propre corps.

C’est pourquoi, à mon sens, on retrouve le signe de la force musculaire dans l’idéogramme gong.

Le grain de riz

Le « qi » (ou « chi » dans sa translittération plus courante) est souvent paré de plus de mystères. Couplé avec l’idée des méridiens, ce n’est pas rare d’imaginer de « l’énergie » qui circule dans ces méridiens.

Bien souvent, il y a deux camps : ce qui croient fermement à l’existence du « qi », notamment à cause du fait que sa circulation est associée à des manifestations physiques (chaleur, lourdeur, picotement, …). Et ceux qui pensent qu’il n’existe pas, car aucune preuve scientifique n’a été apportée à ce jour à son existence (même s’il existe des études qui montrent certaines choses sur la conductivité des méridiens, mais franchement rien de très concluant en définitive).

Ma perspective a évolué pas mal avec le temps. Aujourd’hui, je pense que probablement la vérité se trouve entre les deux et je conçois le qi plus comme un concept fonctionnel plutôt qu’une réalité physique. Même s’il n’existe pas tangiblement, en pratique, c’est vraiment « comme si » une énergie circulait, s’accumulait dans les dan tian, …

J’aime bien l’image du riz. Quel sens y trouver ? Si on en croit Wikipedia…

Une analyse rapide de la graphie 氣 (écriture non simplifiée) nous montre de la vapeur 气 au-dessus du riz 米, qui donne une traduction étymologique très réductrice, « énergie produite par l’absorption du riz », exprimant l’idée que le ch’i est produit par l’air et l’alimentation

Wikipedia

Je ne sais pas si l’image est forcément réductrice. D’un point de vue symbolique, j’aime bien le principe nourricier derrière cette image, ce riz que l’on peut accumuler pour se nourrir.

L’utilisation du qi en tai chi

Un point sur lequel je me permets d’insister, car c’est une confusion que l’on retrouve très souvent, c’est l’idée que l’on puisse utiliser le « qi », cette « énergie mystérieuse », dans l’art martial du tai chi. Je pense qu’il s’agit là d’une simplification (c’est plus facile de parler du « qi » au grand public), car en réalité, vous pouvez avoir tout le qi du monde (et encore, est-ce mesurable ? je pense qu’il est préférable de penser en terme de « taux de qi » que de « quantité de qi », un peu comme l’oxygène dans le sang: on est « saturé » ou pas), ce n’est pas pour autant que vous pouvez en faire quelque chose en tai chi.

Le qi est la fondation nécessaire pour créer du (nei) jin: la force interne. Ce n’est qu’une fois « convertie » (on retrouve ici le jargon un peu alchimique, mais en pratique, cela veut simplement dire rendre concrète une dynamique corporelle donnée), que ce jin peut être utilisé. Il s’agit donc d’un travail spécifique, qui implique bien souvent un partenaire, et c’est d’ailleurs ça qui fait toute la différence entre le qi gong et le tai chi.

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