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Les 3 arcs

Au cours de mon apprentissage, j’ai souvent entendu parler des « 3 arcs » qui permettent de générer de la force. C’est un sujet qu’il m’a toujours semblé intéressant à aborder un jour, alors quand je suis tombé sur cette traduction… comment ne pas en saisir l’opportunité !

L’utilisation des 3 arcs est particulièrement pertinente pour l’expression correcte du fa jin.

L’article ci-dessous est une traduction de la partie de l’article consacrée aux 3 arcs. J’ai repris la traduction typique de « parer » pour la première énergie, mais dans ce contexte, il s’agit vraiment de l’idée d’une énergie de « repousser » (ward off).

Parer est l’énergie fondamentale

Bien qu’il y ait huit énergies de base, c’est « parer » qui est à la base des autres. Parer avec une énergie d’attraction vers l’intérieur devient « tirer ». Parer avec une énergie de traction vers le bas devient « pousser ». Parer avec les deux bras combinés vers le même point devient « presser ». Parer avec un bras tout en poussant vers le bas avec l’autre, c’est « saisir ». Éloigner dans une direction puis émettre dans une autre, c’est « séparer ». Lorsque l’énergie de parer se déplace de l’avant-bras au coude, elle devient « donner un coup de coude ». Lorsque l’énergie de parer se déplace ensuite du coude à l’épaule, elle devient « donner un coup d’épaule ». Parer est donc la plus fondamentale des huit énergies, à partir de laquelle les autres sont créés.

Mais pour que ces techniques fonctionnent, il faut que l’énergie de parer soit ininterrompue. La moindre rupture dans l’énergie de parer rendra la technique inefficace, c’est pourquoi dans chaque mouvement, « parer » doit être présent, sans s’étirer trop loin et en gardant les articulations bien connectées les unes avec les autres.

L’essentiel est de coordonner les articulations pour obtenir une forme globale d’arc. Pour ce faire, chaque articulation doit avoir une courbe détendue, puis toutes les courbes combinées produisent l’effet d’un grand arc. Pour ce faire, il faut prêter attention à la qualité de l’arc dans les trois zones spécifiques que sont les bras, les jambes et le dos.

L’arc des bras

把手
poignée de l’arc
脊背
(colonne)
弓背 弓背
courbures de l’arc
肩 肩
手 手
(des épaules aux bras)
– – – – –
corde de l’arc
腕 腕
腕不直則弦不能上
(attachés près des coudes, tendus par l’extension des avant-bras)

Imaginez le haut de votre corps comme un arc placé à l’horizontale, le haut de votre dos comme une poignée d’arc et le haut de vos bras comme les deux arcs de l’arc de part et d’autre de la poignée d’arc. Unissez vos bras en pensant que la corde de l’arc est attachée à la partie supérieure des bras, près des coudes. Lorsque vos bras sont unis par cette image, l’énergie de parer est naturellement générée à l’intérieur. Pour garder cette intention cohérente et l’utiliser pour développer l’élasticité, gardez ces points à l’esprit :

  • Votre torse doit être droit plutôt que penché dans n’importe quelle direction. Cela permet aux deux arcs de vos bras d’avoir la même élasticité.
  • Vos épaules doivent s’enfoncer. Cela permet aux arcs d’être fermement attachés à la poignée de l’arc, formant ainsi une structure d’arc complète.
  • Vos coudes doivent pendre. Cela augmente l’élasticité de vos bras et les éloigne de la prise de l’arc.
  • Les avant-bras doivent s’allonger. La corde de l’arc est ainsi tendue, ce qui permet de transmettre l’élasticité à partir de la poignée de l’arc.

L’arc des jambes

把手
poignée de l’arc
尾閭
(coccyx)
弓背 弓背
courbures de l’arc
跨 跨
腿 腿
(des hanches aux cuisses)
– – – – –
corde de l’arc
足實 足虛
(attachée près des genoux, tendue par la relation entre les pieds, bien qu’un pied soit plein et l’autre vide)

Vos jambes doivent être constamment coordonnées entre elles. Lorsqu’une jambe est sur le point de faire un pas, l’autre jambe doit s’y adapter. Cela génère de l’énergie d’écartement et permet d’effectuer des pas souples. Contrairement aux bras, les jambes ne peuvent pas générer une énergie égale, seulement une seule jambe à la fois. La posture des bras n’a pas la nature pendulaire des jambes. Un bras peut être placé plus haut que l’autre, mais les deux sont portés et tournés par la taille pour que l’un soit léger et l’autre lourd. Les jambes sont toujours divisées en une jambe dans le rôle de l’hôte [debout] et l’autre dans le rôle de l’invité [en train de marcher], ce qui signifie que la corde de l’arc des jambes semble plus tendue vers une jambe [debout] que vers l’autre. Gardez ces points à l’esprit :

  • L’entrejambe doit être soutenu [c’est-à-dire qu’il faut rentrer le coccyx]. Cela permet aux arcs d’être fermement attachés à la poignée de l’arc, formant ainsi une structure d’arc complète.
  • Les genoux doivent être fléchis. Cela augmente l’élasticité de vos jambes et la transmet de la poignée de l’arc à vos pieds.
  • Les pas doivent être légers. Cela donne de l’élasticité aux jambes, le pied d’appui s’enfonçant ensuite dans le sol, ce qui permet de « tirer l’arc ».
  • Vos pieds doivent être séparés en deux parties, l’une vide et l’autre pleine. L’élasticité de vos jambes est ainsi plus forte sur une jambe, mais si vos pieds ne sont pas séparés entre le vide et le plein, il n’y aura pas d’agilité. Alors que l’arc des bras est renforcé par le dos, l’arc des jambes est plutôt une structure à une jambe pour faciliter l’agilité du pas.

L’arc du torse

手把
poignée de l’arc
在脊背
拉力
抵力
(colonne vertébrale, avec la sensation que le dos tire et que la poitrine résiste)
– – – – –
corde de l’arc
上接在肩
下接在跨
(attachés aux épaules et aux hanches)
上下一條線身弓方有彈性
le placement de cet arc est vertical

尾閭中正
(du sommet de la tête au coccyx rentré)

Contrairement aux autres arcs, celui-ci est aligné verticalement. L’arc du torse est essentiellement le stockage de la puissance dans votre poitrine. On a l’impression que le haut du dos tire vers l’arrière et que la poitrine résiste vers l’avant. L’intention d’emmagasiner la puissance dans la poitrine produit une rondeur dans le haut du dos, mais ne doit pas être telle que le dos se gonfle et que la poitrine s’affaisse. Si votre poitrine s’affaisse, elle perd l’effet de résistance vers l’avant, et si le haut de votre dos n’a pas la rondeur appropriée, votre torse manquera d’élasticité et n’emmagasinera pas de puissance.

L’arc du torse est le lien entre l’arc des bras et l’arc des jambes, créant une forme globale 工. La relation entre les trois arcs est cruciale et doit faire l’objet d’une attention particulière. En ce qui concerne l’arc du torse, il convient de garder à l’esprit les points suivants :

  • La tête doit être suspendue. Cela permet de soulever le corps pour qu’il pende tout droit, ce qui permet de bien placer l’arc des bras et de donner de l’élasticité à l’arc des jambes.
  • Le haut du dos doit être arrondi. Cela donne à l’arc du torse une grande élasticité, la colonne vertébrale formant les arcs de l’arc.
  • Le bas du dos doit se relâcher. L’arc du torse doit être droit, car s’il est tordu, le bas du dos ne peut pas se relâcher.
  • Le ventre doit être vide. Cela libère de l’espace devant vous et va de pair avec le relâchement du bas du dos.

Ces douze principes constituent la théorie et les trois arcs la pratique du développement de l’énergie de parer. En travaillant longtemps, vous développerez de plus en plus d’élasticité jusqu’à ce que vous ayez rempli un cercle complet, avec de l’énergie de parer à chaque partie. L’énergie d’évacuation est le facteur clé pour remplir le cercle, mais cette compétence ne peut être atteinte sans une pratique conforme à ces douze principes. Cela est vrai aussi bien dans l’immobilité qu’en mouvement.

À chaque action, si vous ne vous écartez jamais de ces principes, votre cercle se remplira naturellement d’énergie de parer. Si vous maintenez un tel cercle avec chaque posture de votre forme, capable d’emmagasiner et d’émettre, que vous tiriez la soie vers le haut ou vers le bas, à gauche ou à droite, vers l’avant ou vers l’arrière, vers l’intérieur ou vers l’extérieur, grand ou petit, lisse ou inversé, alors les huit portes et les cinq pas seront naturellement contenues à l’intérieur de ce cercle. C’est ainsi que l’on peut apprendre les différentes énergies.

Au début de l’entraînement, les mouvements doivent être exécutés lentement. Ne soyez pas pressé, prenez votre temps, et vous serez alors en mesure de contrôler les trois arcs et leurs douze principes. Parfois, vous sentirez dans votre corps que vous agissez en accord avec les douze principes mais que ce n’est pas le cas, ou que vous avez de l’énergie en réserve mais que ce n’est pas le cas. Cette expérience est inévitable et c’est la raison pour laquelle les débutants ont besoin d’enseignants pour les guider et les corriger. Sinon, il serait très difficile d’obtenir l’art authentique.

Si vous avez déjà développé une certaine énergie de parer, ou si vous vous êtes déjà familiarisé avec les mouvements de la forme, mais que dès que votre adversaire agit, votre énergie de parer disparaît soudainement et que vous sentez immédiatement que tout ce que vous essayez ne fonctionnera pas, vous devrez à ce moment-là prendre la responsabilité de vous corriger. Un débutant a besoin d’un professeur qualifié pour apprendre et corriger ses erreurs, mais s’il n’y a pas de professeur, il doit demander à ses camarades de classe d’examiner sa performance et de lui signaler ses erreurs, ou s’observer dans un miroir pendant qu’il s’entraîne. Ces solutions sont utiles lorsqu’il n’y a pas d’autre choix, mais elles ne sont pas aussi efficaces que la présence d’un professeur.

La pratique des postures de la forme est la meilleure façon de développer l’énergie de prévention. Parer est basé sur une qualité d’élasticité. L’élasticité provient de la capacité de l’énergie à circuler vigoureusement. En développant cette qualité d’élasticité, on peut dire que l’on se prémunit. Parer est entièrement une question d’énergie. Pour que l’énergie puisse circuler à travers vos articulations et créer ainsi un cercle plein, vous devez d’abord avoir des postures adaptées au développement de l’énergie. Vous devez également avoir l’intention d’écarter afin de relâcher les articulations et de permettre à l’énergie de circuler à travers les zones obstruées, transformant ainsi un niveau d’énergie affaibli en un niveau d’énergie plus fort.

À ce stade, l’accent est mis sur la présence ou non d’une énergie de parer, car parer est l’énergie primaire. Apprenez une posture à la fois, en accordant une attention particulière à la transition entre la posture précédente et la posture suivante. Par exemple, examinez la façon dont JOUER DU PIPA passe de BROSSER LE GENOU, puis la façon dont il passe à nouveau à BROSSER LE GENOU.

N’essayez pas de faire cela avec plusieurs postures en même temps, en vous précipitant sur l’ensemble de la série ou même sur une seule ligne. Si vous êtes avide de tout, vous n’en maîtriserez aucune partie. C’est ce qu’on dit : « Rappelez-vous toujours : apprenez une technique à la fois. Ne soyez jamais impatient d’en savoir plus. Apprenez les trente-sept techniques de cette manière. » Quelle que soit la paire de postures sur laquelle vous travaillez, chaque transition doit être perfectionnée une à la fois, jusqu’à ce qu’il y ait une liaison transparente entre toutes les postures de la forme, un flux continu du début à la fin, d’où l’autre nom de cet art, la boxe « longue rivière ».

La pratique de la forme est une partie indispensable de votre base. Sans cette partie de votre entraînement, chaque fois que vous ferez un mouvement en arc de cercle, vous ne serez pas en mesure d’exprimer un cercle rempli d’énergie de parer. Si vous n’êtes pas en mesure d’avoir un parer en chaque point d’un cercle, alors tout votre corps sera compromis par des fissures et des lacunes, et partout où votre structure a des lacunes, vous y resterez vous-même coincé. Prenez donc ce conseil au sérieux et ne l’ignorez pas : 1. consultez constamment les classiques, et 2. travaillez un mouvement à la fois.

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