Aujourd’hui je vous présente la traduction d’un article publié en trois parties par Mike Sigman, l’un des premiers a avoir publié une vidéo (à ma connaissance) sur le travail et le développement de la force interne.
Un jour, un ami chinois et moi discutions des différences entre les « arts martiaux internes » et les « arts martiaux externes ». Il a mentionné que dans la Chine ancienne, de nombreux arts martiaux utilisaient la méthode de mouvement des six harmonies, qui est la marque de fabrique des arts martiaux dits « internes ». Aujourd’hui encore, on peut trouver un bon nombre d’arts martiaux chinois anciens et réputés qui contiennent le terme « liù hé (六和) » (« six harmonies ») dans leur titre complet, mais avec le temps, de nombreux arts ont évolué vers une utilisation moins pure du qi, du jin et du dantian, quels que soient le nom qu’ils utilisent et les classiques qu’ils épousent. Aujourd’hui, parce que les mouvements du corps doivent être entièrement repensés, seul un petit nombre d’arts tentent d’utiliser l’intégralité des principes de mouvement des six harmonies et, bien entendu, tous ceux qui pratiquent ces arts ne se conforment pas entièrement aux exigences traditionnelles.
De nombreuses recommandations incluses dans les « Classiques du Taijiquan » du Taijiquan de style Yang ne sont en fait que des répétitions de l’ancienne tradition sur les mouvements à six harmonies et ne sont pas nécessairement spécifiques au Taijiquan. Cependant, le Taijiquan est l’un des arts qui utilisent le mouvement complet des six harmonies, même s’ils utilisent normalement le terme « soie enroulée » (chansijin).
Le mouvement de « enrouler la soie » (« silk reeling ») du Taijiquan n’est en fait qu’une autre façon de décrire le mouvement focalisé des six harmonies. Les mêmes maximes et injonctions que l’on trouve dans la tradition du Taijiquan se retrouvent dans les traditions de nombreux autres arts martiaux chinois et une grande partie de cette tradition a été établie à l’époque où le mouvement à six harmonies était la manière classiquement correcte de se déplacer.
Tel que je le comprends, tous les styles de Taijiquan traditionnels déclarent actuellement utiliser les forces de enrouler la soie comme base de leurs mouvements. Tous les styles d’arts martiaux dits internes (les neijia) fondent leurs mouvements sur le mouvement à six harmonies, de sorte que la discussion ci-dessous s’applique au Taijiquan, au Xingyiquan, au Baguazhang, etc., étant entendu qu’il existe bien sûr quelques variations mineures d’application au sein des styles neijia, mais pas de différences d’importance.
Les six harmonies
Les six harmonies sont souvent résumées de manière très concise comme étant composées des trois harmonies internes (nei san he) et des trois harmonies externes (wai san he). Les trois harmonies internes sont l’essence de l’utilisation de l' »intention », le « yi », pour amener la puissance du sol ou de la gravité à un endroit du corps. Les trois harmonies externes décrivent la façon dont le corps est lié en tant qu’unité contrôlée par le dantian, de sorte que la main et le pied sont reliés dans le sens de la longueur par le tissu conjonctif du corps. Entre ces deux ensembles de trois harmonies, le corps doit bouger très différemment du mode de mouvement normal que nous pratiquons depuis que nous sommes bébés.
Selon la tradition chinoise, le fœtus dans l’utérus (pré-natal ou « pré-ciel ») bouge avec le mouvement « naturel » des six harmonies, mais après la naissance du bébé (post-natal ou « post-ciel »), le mouvement redevient celui que nous utilisons normalement. Réapprendre le mouvement correct des six harmonies demande cependant de l’entraînement et de la pratique : « ce mouvement n’est pas intuitif, il faut l’apprendre », dit un vieux dicton.
Le mouvement des six harmonies représente donc le mouvement idéalisé du corps humain conformément à ses configurations naturelles ; la théorie de l’acupuncture de la médecine traditionnelle chinoise adhère également à cette idéalisation du flux naturel de la force à travers le corps.
Pour un œil non averti, une personne qui se déplace avec des mouvements à six harmonies peut sembler utiliser des mouvements normaux. Il est donc assez courant de voir de nombreuses personnes imiter les styles de Taijiquan, Xingyiquan, Bagua, etc. en utilisant des mouvements normaux tout en se concentrant sur les mystères de la « forme » et en négligeant le fait que c’est le mouvement utilisant les six harmonies qui est le plus important. Jetons un coup d’œil sur certaines des implications du mouvement à six harmonies dans le Rouet à Soie.
Théorie de base
Bien qu’il soit facile de s’égarer dans l’analyse des mouvements d’enrouler la soie, des canaux musculo-tendineux et d’autres choses, la théorie de base est assez simple. En fait, l’idée de lier divers phénomènes du corps et de l’univers dans une théorie simple de tout est à la base de l’ancienne cosmologie chinoise, de sorte que nous devrions être en mesure d’examiner certains principes généraux d’enrouler la soie, assez facilement.
La théorie de base du mouvement à six harmonies part de l’idée d’utiliser les forces de la Terre (la gravité) et les forces du Ciel (principalement l’air et la pression) et de combiner ces forces avec les forces de développement personnel de tout le corps de l’homme. La force et le qi vont toujours de pair, selon la perspective traditionnelle, mais l’utilisation de la force et du qi à la manière des arts internes requiert toujours une formation spécialisée.
Les premières études chinoises considéraient que la force du corps se situait principalement le long de voies connectées impliquant plusieurs muscles, tendons et tissus conjonctifs, en utilisant le squelette comme base. Certains canaux (canaux Yin) sont impliqués dans la descente du poids et les aspects de fermeture du corps ; d’autres canaux (canaux Yang) sont impliqués dans la transmission de la solidité du sol vers le haut et vers l’extérieur dans l’ouverture du corps.
L’utilisation d’une force isolée, « normale », dilue ou entrave le flux de la force de soutien du sol vers le haut et de la force dérivée de la gravité vers le bas. En d’autres termes, la tension musculaire bloque le flux de la force source provenant de la solidité du sol ou du poids par le biais de la gravité, c’est pourquoi ce type d’entraînement au mouvement exige que le corps soit « détendu », mais connecté.
Une illustration des canaux musculo-tendineux ou des méridiens d’acupuncture lorsque les bras sont en l’air est très éclairante sur les aspects longitudinaux de la force et du flux de qi du corps, des mains aux pieds avec le dantian et le mingmen au milieu en tant que contrôleurs. Si vous pouvez trouver une illustration des méridiens d’acupuncture (ils dérivent des canaux musculo-tendineux, et ne sont donc que des versions fines des canaux musculo-tendineux), observez la façon dont les canaux s’étendent presque entièrement dans le sens de la longueur.
Bien que les canaux soient essentiellement longitudinaux, les canaux longitudinaux s’enroulent et se déroulent en spirale à mesure que le corps se dilate et se contracte en raison de la disposition naturelle des muscles, des tendons et des articulations.
Il est essentiel de se rappeler constamment que la solidité du sol est la base de toutes les forces ascendantes et que le poids de la gravité est la base primaire de toutes les forces descendantes. Imaginez que vous tenez un livre sur votre tête : la structure du corps doit se détendre pour que le poids du livre passe facilement et repose sur la plante des pieds. En même temps, il doit toujours y avoir un lien de traction détendu partant des pieds et se connectant vers le haut à tous les points du corps.
Puisque la solidité du sol et l’attraction de la gravité vers le bas sont les deux forces principales, il est intéressant de réfléchir à la raison pour laquelle même les mouvements latéraux (ou les bras, les jambes, etc. sur les côtés) ne sont en fait que des aspects du mouvement vers le haut et vers le bas couplés aux tissus conjonctifs du corps.
Ce qui n’est pas immédiatement évident pour quelqu’un qui regarde les canaux musculo-tendineux, c’est que même si tous les canaux ne vont pas du bas du corps au haut du corps, les canaux peuvent se combiner au milieu du corps et parfois divers canaux se coordonnent avec d’autres canaux au cours de l’exécution d’une tâche particulière ou du maintien d’une posture. En d’autres termes, même si certains canaux ne semblent pas aller du haut vers le bas, en se connectant à d’autres canaux selon les besoins, la gamme longitudinale complète est remplie. Et surtout, le dantian central/mingmen est positionné de manière à manipuler les canaux musculo-tendineux, en reliant les canaux qui s’arrêtent au milieu et en manipulant les canaux majeurs de la longueur du corps.
Mantak Chia, dans son livre Iron Shirt Chi Kung I, a fait d’excellentes illustrations de diverses postures dans lesquelles certains canaux sont montrés en train de former différents cadres. Ci-dessous, deux figures réalisées par Chia illustrent la connexion du corps via les canaux musculo-tendineux pour « Fermer » et « Ouvrir ». Le même livre contient un certain nombre d’autres illustrations intéressantes.
Connexion chez les animaux
Au sens classique, les canaux musculo-tendineux peuvent être considérés comme des moyens de transmettre la force du sol vers le haut et la fermeture vers l’intérieur associée à l’allègement, mais il existe un autre point de vue qui mérite d’être pris en compte en même temps, en ce qui concerne l’origine des canaux.
Dans le corps humain physique, l’avant du corps et le dessous des membres se contractent d’une manière analogue au dessous d’un guépard qui court, d’un chien lévrier, etc. En d’autres termes, les canaux musculo-tendineux situés à l’avant du torse ainsi que les faces inférieures et intérieures des membres reflètent généralement une contraction, un affaissement et un rapprochement.
L’arrière du corps se dilate sous l’effet de la poussée de la solidité du sol (principalement vers le haut des os), de la même manière que le dos (et les faces postérieures des membres) d’un guépard, d’un lévrier, etc. en pleine course, dans son extension la plus large. Ainsi, les canaux musculo-tendineux de l’arrière du torse et de l’arrière et de l’extérieur des membres reflètent généralement l’expansion, l’élévation et l’extension.
Le torse du corps reflète normalement une expansion vers l’arrière et une contraction vers l’avant, comme dans l’exemple du guépard courant ci-dessus. Les directions du flux de qi pour les orbites microcosmiques et macrocosmiques peuvent donc être comprises assez clairement si vous pensez à l’expansion et à la contraction du corps et aux pouvoirs de la solidité de la terre et du poids de la pesanteur.
« Combinaison » et le modèle de l’homme ballon
Pour réitérer les idées principales énoncées jusqu’à présent, les forces de base du support du sol et de la gravité de la terre sont utilisées autant que possible pour la puissance et les canaux musculo-tendineux transmettent la puissance, le dantian manipulant les canaux et le corps en fonction des besoins.
Afin de conserver une vision simple, au lieu d’utiliser l’ensemble confus des canaux musculo-tendineux, nous pouvons simplifier notre vision de l’ouverture et de la fermeture (expansion et contraction) en imaginant une couche ou une « combinaison » de matériau élastique recouvrant le corps. L’avant de la combinaison est le côté contractile et l’arrière de la combinaison est le côté expansif.
Si nous déplaçons le centre du torse, nous pouvons déplacer les mains ou les pieds à condition qu’il existe un léger lien de traction sur toute la surface de la combinaison, reliant les mains/pieds au centre. Bouger les mains ou les pieds sans cette connexion revient simplement à faire entrer en jeu la force musculaire normale.
Soit dit en passant, notre combinaison imaginaire qui couvre le corps a deux points faibles : l’anus et la bouche. L’intégrité du costume est maintenue en fermant la bouche tout en plaçant la pointe de la langue sur le palais supérieur ; la zone anus/périnée est légèrement tirée vers le haut.
De la même manière que les canaux musculo-tendineux vont longitudinalement de haut en bas, reliant le costume dans le sens de la longueur, la connexion de tension du corps va également du haut du corps jusqu’aux orteils, il est donc important de comprendre que si un mouvement du dantian peut déplacer la main, la connexion aux pieds assure que le corps est en bonne santé, Il est donc important de comprendre que si un mouvement du dantian peut déplacer la main, la connexion avec les pieds garantit que le même mouvement de la main affecte simultanément le pied – généralement le pied du même côté, mais comme la plupart des canaux musculo-tendineux sont plus ou moins des « demi-canaux » (pas entièrement dans le sens de la longueur), ils peuvent se joindre et se coordonner selon les besoins au niveau du dantian/mingmen, le point nodal et le contrôleur des canaux et du corps dans le mouvement idéal des six harmonies.
En raison de la connexion longitudinale du corps, l’enroulement vers l’intérieur du coude (à titre d’exemple) par la rotation du dantian se traduit par un enroulement quasi simultané du genou de ce côté ; l’enroulement vers l’intérieur de l’épaule s’accompagne d’une torsion vers l’intérieur à l’articulation de la hanche en raison de la connexion de tension ; l’enroulement vers l’intérieur du poignet se traduit par une torsion vers l’intérieur à la cheville en raison de la connexion longitudinale du corps. C’est à cela que se réfèrent les trois harmonies externes.
Si vous avez suivi la logique générale jusqu’ici, vous pouvez plus ou moins vous imaginer comme un ballon de forme humaine bien gonflé (la tête légèrement maintenue par une ficelle pour favoriser la tension élastique ; les pieds collés au sol) avec une peau ou un « costume » élastique. Si quelqu’un vous tord le bras, la tension de torsion dans le bras affectera la combinaison élastique du torse et des jambes, jusqu’au sol. L’idée qu’une partie du corps est reliée par une tension à tout le reste du corps est à la base de la pratique du dévidage de la soie. La connexion élastique de l’ensemble du corps et la coordination des muscles, en utilisant le support du sol et la gravité, sont plus fortes que la force « normale ».
Les Dantians
Le modèle de l’homme-ballon nous donne une bonne idée de l’élasticité globale et connectée du corps, mais il peut aussi nous aider à mieux comprendre ce que fait physiquement un « dantian ». Par exemple, si nous imaginons un homme-ballon bien gonflé, il est facile de comprendre que la zone principale/centrale du dantian-mingmen est l’endroit logique pour contrôler les forces, etc.
De même, il est assez facile de voir qu’il existe un lien de contrôle de la combinaison élastique de l’homme-ballon entre les jambes : c’est là que se trouve le dantian inférieur et c’est en effet une zone de contrôle qui est délibérément développée dans l’entraînement martial. Cependant, le dantian inférieur n’est lui-même qu’un nexus secondaire, car ses mouvements sont d’abord initiés par le dantian principal. Autrement dit, le dantian/nexus situé dans la région du périnée est « asservi » au dantian principal. Le dantian inférieur est l’extrémité inférieure des nexus de contrôle, mais il est relié de manière élastique aux pieds.
La partie centrale de la poitrine et la zone directement opposée dans le dos constituent une autre zone de contrôle secondaire, asservie au dantian principal, et représentent le dantian de la poitrine. La flexion de la « combinaison » ou de l’élasticité du corps central vers les bras, vers le dantian principal et vers la tête se produit dans le torse.
Le creux de la gorge est également un nexus, ou dantian. L’extrémité supérieure des différents nexus reliés par l’élasticité est le dantian situé entre les sourcils, au niveau du yintang. Il existe une relation entre les nexus dantiens fonctionnels et l’idée de chakras qui remonte probablement à des temps très anciens.
La vision chinoise et indienne du fonctionnement du corps est plus complexe que ces simples représentations physiques, bien sûr, mais il faut comprendre que la discussion complète du corps humain à l’aide du paradigme du qi, des canaux, des dantians, etc. inclut ces relations fonctionnelles dont nous discutons. Une fois que l’on a compris les relations physiques entre les dantians, la connectivité, les canaux, etc.
Les enroulements Ni & Shu
Un bras ou une jambe (ou même une partie du torse) peut s’enrouler vers l’extérieur ou vers l’intérieur. Dans la vision traditionnelle, le corps s’ouvre et se dilate vers le haut à partir de la terre tout en s’enroulant vers l’extérieur ; le corps s’enfonce/se referme avec la gravité tout en se contractant vers l’intérieur. Pendant l’expansion et l’ouverture, le dos du costume est le principal moteur, la colonne vertébrale se redressant tandis que les articulations telles que les coudes et les genoux se redressent et s’enroulent vers l’extérieur. Pendant la contraction (fermeture), l’avant du costume est le principal moteur, la colonne vertébrale se pliant tandis que toutes les articulations se plient et s’enroulent vers l’intérieur. Un certain nombre d’illustrations anciennes dans divers arts internes illustrent les deux directions d’enroulement potentielles différentes en montrant des spirales sur le corps allant dans des directions opposées.
Rappelez vous qu’aucune partie du corps ne s’enroule ou ne bouge sans que toutes les parties du corps ne s’enroulent et ne bougent si la connexion du corps a été pratiquée et développée. La plupart des débutants qui n’ont pas développé la connexion du corps (ou « combinaison ») en sont réduits à simplement coordonner le corps jusqu’à ce que les exercices et l’entraînement à la respiration aient développé la connexion. Ne vous découragez donc pas si vous ne ressentez pas toutes ces connexions au début ; au fur et à mesure que les connexions se développent, il est plus facile de tout faire correctement et naturellement parce qu’il est facile de sentir que c’est simplement la façon dont le corps fonctionne.
Enrouler la soie et le tai chi du yin-yang
Il existe deux postures de base dans les arts martiaux asiatiques : L’ouverture et la fermeture. Dans la posture « fermée », l’effort est dirigé vers l’avant du corps et vers l’intérieur des membres ; les genoux, les coudes et les articulations se plient et sont généralement soumis aux forces de contraction de l’avant. La position de base du Wing Chun, la position de base du karaté Uechi Ryu, le « Jouer du pipa » (dans le Taiji), l’aspect fermé du « Singe accroupi » (dans le Dai Family Xinyi), et dans beaucoup d’autres arts martiaux peuvent être trouvés des variations de la position fermée des positions.
Dans la position ouverte, les forces d’expansion provenant de l’arrière du corps et de l’extérieur des membres tirent les genoux et les coudes vers l’extérieur et le corps s’allonge, les articulations s’ouvrant. Des postures telles que le « fouet simple » sont un exemple d’ouverture. Dans les postures classiques correctes, il y a toujours un équilibre entre les forces de fermeture et d’ouverture ou entre le Yin et le Yang.
Le corps, lorsqu’il se déplace à partir du dantian et qu’il est relié à l’ensemble, passe constamment de la fermeture à l’ouverture, puis de la fermeture à l’ouverture, et ainsi de suite, quelle que soit la posture ou l’application.
Ainsi, par exemple, dans l’ouverture d’une forme de Taiji avec l’élévation et l’abaissement des bras, les bras sont soulevés par la solidité du sol qui pousse vers le haut alors que le dos de la « combinaison » s’étend, que le dantian se tourne et que le corps s’ouvre. Lorsque l’expansion du dos et l’ouverture atteignent leurs limites de puissance, l’avant du « costume » a été étiré jusqu’à ses limites et est maintenant prêt à prendre le relais avec la fermeture du corps, le dantian se tournant vers le bas, et ainsi de suite. Lorsque la fermeture du corps atteint ses limites, le pouvoir élastique du dos est à nouveau en position de commencer à s’ouvrir.
Ce cycle de fermeture et d’ouverture, de fermeture et d’ouverture, etc., est le Taiji, tout comme l’indiquent les symboles Yin-Yang avec leur cycle constant d’un élément atteignant ses limites et l’autre élément prenant la dominance.
Naturellement, l’explication précédente est simplifiée afin d’illustrer l’idée générale ; un traitement complet de toutes les composantes du mouvement du corps entier, de la respiration/pression, des déplacements de poids, etc. n’est pas nécessaire afin de transmettre le concept de base Yin-Yang qu’est le Taiji.
Lorsque le corps s’ouvre et se ferme latéralement, par exemple dans « Caresser la crinière du cheval », les mêmes forces de solidité du sol et de poids vers le bas sont utilisées, de sorte que les mouvements latéraux ont toujours un élément de haut et de bas. Le corps s’enroule naturellement vers l’intérieur en Fermeture et se déroule vers l’extérieur en Ouverture, mais si vous y prêtez attention, il est facile de voir que l’expansion du dos de la » combinaison » élastique imaginaire favorise le déroulement et que l’avant de la » combinaison » imaginaire favorise l’enroulement vers l’intérieur. La règle générale est donc « vers le haut et le déroulement, vers le bas et l’enroulement vers l’intérieur ».
Example d’onde dans le bras en enroulant la soie
Il n’y a que deux directions intrinsèques dans lesquelles le corps s’enroule et se déroule (les enroulements Ni et Shun mentionnés précédemment). Un sens d’enroulement est contrôlé par des forces qui se développent vers l’arrière et se referment vers l’avant (le sens normal du mouvement, comme dans l’orbite microcosmique). L’autre sens d’enroulement est contrôlé par des forces qui poussent vers le haut l’avant du corps et qui tirent vers le bas le dos et les côtés (le sens inverse du mouvement).
Pour illustrer l’enroulement de la soie dans le cadre du concept Yin-Yang (Taiji) dans un exemple trop simpliste du mouvement de base d’enrouler la soie, imaginez que vous agitez votre bras tendu horizontalement sur le côté du corps (en gardant la paume tournée vers l’intérieur ou vers l’avant) et que vous l’agitez ensuite vers l’avant jusqu’à votre ligne médiane. Imaginez un ruban élastique allant de votre menton à l’auriculaire qui contrôle l’ondulation vers l’extérieur jusqu’à ce que la tension élastique s’épuise. Si vous imaginez également un ruban élastique partant du point dantien, remontant le long des côtes et passant par l’intérieur du bras jusqu’au pouce, ce ruban frontal se tend progressivement à mesure que le bras se balance vers l’extérieur jusqu’à sa limite et est donc prêt à ramener le bras vers l’intérieur. Ainsi, dans ce simple exemple bidimensionnel de deux rubans élastiques, l’un à l’avant, du dantian au pouce, et l’autre à l’arrière, du mingmen à l’auriculaire, l’idée du tai-chi en tant qu’échange d’énergie de l’un à l’autre devient plus claire, car la tension d’un ruban est d’abord dominante, puis la tension de l’autre ruban est dominante dans un cycle constant. Bien sûr, il faut garder à l’esprit qu’en réalité, les rubans se connecteraient également du milieu du corps jusqu’aux pieds, mais gardons les choses simples.
Les mouvements réels du dantian ont tendance à être plus tridimensionnels que l’exemple ci-dessus et impliquent des composantes et des connexions ascendantes et descendantes dans lesquelles la gravité et la solidité du sol dirigent tous les mouvements.
Dans la « circulation » normale de l’énergie du mouvement, le mouvement/qi monte des mingmen et redescend, tiré par le dantian, selon les principes traditionnels. Cette théorie du mouvement se rapporte également à l’orbite microcosmique pour le torse ou à ce que l’on appelle l’orbite macrocosmique du mouvement si les membres sont impliqués.
Dans le mouvement tridimensionnel, l’onde du bras a quatre composantes : vers le haut, à travers et vers l’extérieur, vers le bas, vers le corps. Lorsque le bras est ramené vers le bas dans le mouvement circulaire, les deux épaules et les deux hanches se détendent ; le poids du corps, concentré au niveau du dantian, est ajouté au bras pour le ramener vers le bas.
Tout est alimenté soit par la solidité du sol qui traverse le corps, soit par le poids de la gravité. Cette relation simple entre les tensions cycliques contrôlées par le dantian et les forces ascendantes et descendantes de la gravité fait que le balancement du bras vers l’extérieur est en fait une combinaison de la force ascendante du sol et du déroulement expansif du dos ; le balancement inférieur du bras vers l’intérieur est le poids descendant de la gravité couplé à la contraction naturelle de l’avant du corps.
Dans l’exercice complet de l’onde de bras tridimensionnelle, la main se retourne deux fois. Imaginez à nouveau les deux rubans élastiques, l’un partant du dantian le long des côtes et du dessous du bras jusqu’au pouce et l’autre partant du mingmen en diagonale le long du dos jusqu’à l’épaule et du côté supérieur-extérieur du bras jusqu’à l’auriculaire. Lorsque vous poussez (en tournant le dantian) la main vers l’avant du corps, le ruban du dos se raccourcit et tire le coude vers le haut, tirant l’auriculaire vers le haut : c’est le premier retournement de la main. En tirant le bras sur le côté (ruban de contrôle du dantian) avec le ruban du dos, vous manquez progressivement de ruban du devant, de sorte que le coude est tiré vers le bas et que la main se retourne pour la deuxième fois. Au début, il est important de garder une légère extension du bras afin que la connexion entre le dantian et le bout des doigts ne soit jamais rompue. Le dantian qui tire sur les tensions conjonctives de tout le corps est le moteur de ces aspects particuliers du mouvement et de tous les mouvements d’enrouler la soie.
Dans l’enroulement de la soie, il y a un peu plus d’enroulement que l’expansion et la fermeture linéaires utilisées dans l’exemple simple ci-dessus. Au lieu du cas linéaire de l’expansion utilisant les mingmen jusqu’à l’auriculaire, la torsion s’enroule autour du pouce, de sorte que dans les images classiques, une spirale est toujours montrée. Dans la fermeture, la traction va jusqu’à l’auriculaire en s’enroulant vers l’intérieur. L’expansion et la fermeture linéaires sont appelées « tirer la soie ». L’enroulement ouvert et fermé est appelé « enrouler la soie ».
L’exemple d’une vague de bras peut être vu dans la vidéo de Chen Bing. John Prince a eu la gentillesse de fournir un sous-texte en anglais à la vidéo qui a été publiée à l’origine sur YouTube par ChenTaijiMilano. Tous les membres et le corps s’enroulent de la même manière que la vague de bras qui est alimentée par la solidité du sol et/ou le poids de la gravité, à travers la connexion élastique intrinsèque du corps telle que manipulée par le dantien.
Utiliser l’enroulement de la soie
Le mouvement d’enroulement, où le dantian est physiquement impliqué dans la manipulation du corps, est différent du type de mouvement que les gens font depuis leur enfance, et il est donc difficile pour les gens de comprendre que leurs mouvements doivent être totalement modifiés pour devenir des mouvements centrés sur le dantian.
La plupart des gens ont tendance à imiter les mouvements du Taijiquan, du Xingyiquan, du Baguazhang, de la poussée des mains, etc., avec la force commune que nous avons utilisée si longtemps dans nos vies, mais quelqu’un qui pratique réellement bien le Taiji, comme Chen Xiaowang et beaucoup d’autres, a en fait un dantian très fort et articulé et peut démontrer les enroulements du corps sur une plus grande échelle à volonté.
L’approche générale de l’apprentissage du mouvement d’enroulement dans le Taijiquan est de commencer à grande échelle afin d’apprendre la coordination, puis de diminuer progressivement la taille des enroulements manifestes afin de développer davantage la force élastique intrinsèque du corps. Les pratiques des formes compactes ont en fait été développées à l’origine par et pour les personnes qui n’avaient plus besoin des mouvements d’entraînement plus importants des formes larges et moyennes.
Bien qu’il y ait certainement d’autres aspects de l’entraînement au Taiji (maintien des postures, dispositifs de pression de la respiration, entraînement physique, etc.), le point principal concernant l’enroulement de la soie/six-harmonies et l’utilisation du dantian est que sans l’accomplir, il ne s’agit pas vraiment d’un art martial interne. Par exemple, quelqu’un peut faire une « forme de Tai Chi » et quelque chose qui ressemble à de la poussée des mains et aussi connaître certaines des variétés de mécanique de pression-impulsion qui sont communes à tous les arts martiaux chinois, mais sans le dantian, les connexions corps-canaux et l’enroulement de la soie, ce ne sera pas vraiment du Taijiquan dans le sens classique du terme.
À la fin des années 1980 ou au début des années 1990, un membre célèbre de l’équipe de wushu de Pékin est venu voir le célèbre pratiquant du style Chen, Feng Zhiqiang, et lui a demandé d’évaluer sa performance. Feng a diplomatiquement répondu qu’il lui donnerait la note « C ». Les critères de notation des performances de wushu contemporain sont différents des évaluations utilisées dans le wushu traditionnel par des experts accomplis. Un expert traditionnel va rechercher le vrai mouvement de l’enroulement de la soie, le jin, le qi, et ainsi de suite.
Lorsque l’on apprend à utiliser le mouvement d’enroulement, le premier problème est de garder les canaux détendus pour la propagation du « qi ». Si vous n’utilisez pas le dantian pour déplacer les canaux, vous ne pouvez pas, par définition, permettre une circulation optimale de la force, car si le dantian ne fait pas le travail, les mouvements musculaires locaux doivent être utilisés. Rappelez-vous que de nombreux canaux s’arrêtent au dantien et que c’est le dantien qui relie les canaux selon les besoins pour la force et la propagation du qi.
Il faut beaucoup de pratique pour que l’utilisation du dantien et la connexion de l’ensemble du corps deviennent le mode de mouvement naturel, mais cela se produit. Faire un millier de formes en utilisant le dantian, le jin d’appui au sol, le jin de gravité et la connexion avec l’ensemble du corps est beaucoup plus efficace pour apprendre à bouger avec le dantian que de faire un millier de formes sans mouvement d’enroulement. Une fois que l’on a appris le mode de déplacement en enroulant la soie, il y a une belle complexité dans la sensation de la surface et des enroulements plus profonds du corps au fur et à mesure que l’on se déplace dans la forme.
Article original disponible ici
Petite info bonus!
Certaines vidéos sont disponibles (en anglais) sur YouTube, même si la qualité n’est pas géniale, c’est bien suffisant pour comprendre le propos.