Dernière ligne droite sur cette série d’articles sur les 10 principes de Yang Cheng Fu. Si vous avez raté les épisodes précédents, c’est ici ou ici et là.
Neuvième principe : Xiānglián bùduàn – 相連不斷
Lier sans interruptions
Maîtriser le style Yang de Taiji Quan, p. 60
On compare souvent les mouvements de tai chi au mouvement d’un fleuve. Le mouvement est continu, sans interruptions. Mais est-ce que cela veut dire pour autant que s’il l’on s’arrête, nous ne sommes plus « tai chi » ?
Personnellement, je n’aime pas trop cette idée, qui pourrait pousser à croire qu’il faut toujours bouger. Et bouger quoi? Tout le corps? Juste une partie? Si une partie du corps est immobile, est-on encore en train de « lier sans interruptions » ?
Connecté en permanence
Et non, ce n’est pas une ode à la 5G. La notion de « connecté » me semble plus porteuse que le fait de lier sans interruptions. La connexion interne, elle est produite par l’intention. Celle-ci est présente en permanence. Que l’on bouge ou que l’on ne bouge pas. Avant, après, pendant le mouvement. Le corps est « relié », le haut et le bas (voir le 7ème principe) agissent en harmonie. L’emphase ici, c’est la notion de « sans interruptions » ou « en permanence » selon que l’on préfère le verre à moitié vide ou à moitié plein.
Dixième principe : Dòng zhōng qiú jìng – 動中求靜
Préserver la tranquillité au sein du mouvement
Maîtriser le style Yang de Taiji Quan, p. 60
Littéralement, ce principe se traduit ainsi:
- 動中 en mouvement
- 求靜 chercher calme
Du coup, la traduction présente dans le livre est a priori plutôt bien vue. Par contre je ne suis pas sûr de ce que ça veut dire chercher la « tranquillité » ou le « calme » dans le mouvement. Bien sûr, cela indique l’attitude générale à avoir, mais ce n’est pas très spécifique… pour ma part je ne peux pas m’empêcher de voir zhong 中, qui veut dire centré.
Chercher l’immobilité dans le mouvement
Si vous prenez une roue qui tourne, son centre reste immobile. Mon approche de ce principe va généralement dans ce sens : oui, on cherche « le calme », c’est une bonne indication: le mouvement est lent, la respiration profonde… mais surtout, on cherche « le centre ». Et chercher le centre, c’est chercher ce qui ne bouge pas dans le mouvement, quelle est la partie « fixe ». Cette notion d’immobilité est désarçonnante au début, car cela semble opposé au principe d’avoir tout le corps qui bouge ou connecté en permanence. Mais la réalité d’un système en tenségrité, c’est que si une partie du système bouge, le reste bouge pour obtenir un nouvel équilibre. Cet équilibre dynamique n’est pas facile à percevoir, et c’est bien une des raisons pour laquelle il faut pratiquer la forme lentement pour arriver à le cultiver.
Et bien voilà, c’est tout pour ce petit tour d’horizon des principes de Yang Cheng Fu ! J’espère que cette lecture vous aura plu et on se retrouve très bientôt pour de nouveaux articles!