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Santé Tai Chi

Est-ce que l’entraînement musculaire empêche de progresser en tai chi ?

Cette question ne vous a peut-être jamais traversé l’esprit, mais c’est pourtant un élément très souvent mentionné par les maîtres de tai chi, ou des arts internes en général.

C’est à nouveau une excellente vidéo de Guan Nan Wang qui m’a motivé à écrire cet article.

Is muscle training bad for Internal progression? An empirical case studyIs muscle training bad for Internal progression? An empirical case study

Pour ceux pour qui le sujet de cet article questionne, voici un peu de contexte.

Force externe et force interne

Pour ceux qui ne le savaient pas, le tai chi est considéré comme un « art martial interne » (de même que le ba gua zhang, le xing yi quan, le yi quan…), c’est-à-dire que la force est celle fournie par le « qi » (ceux qui me connaissent savent pourquoi je mets des guillemets) au lieu des muscles.

Traditionnellement, les maîtres ne veulent pas que leurs élèves s’entraînent « musculairement » (pompes, abdos, soulever des poids…) car cela est censé ne pas être compatible avec l’approche interne. Il y a souvent cette idée en tai chi que l’on cherche à revenir à une forme de force « primordiale », un peu comme quand on était bébé. Peut-être aurez-vous déjà entendu la comparaison entre la fameuse « poigne » que peut avoir un bébé alors qu’il ne dispose que d’une force musculaire limitée et ce que l’on essaie de faire en tai chi.

Cette pensée peut aller jusqu’à ce qu’un maître va refuser ou rejeter un élève s’il voit ou se rend compte qu’il s’entraîne de manière trop « musculaire ». Mais du coup, la pratique du tai chi est-elle compatible avec, par exemple, le fait d’aller en salle s’entraîner ? Ou avec d’autres arts martiaux plus externes ? C’est une question que certains de mes élèves me posent, et je pense, tout comme Guan Nan Wang, que la réponse traditionnelle n’est pas très satisfaisante.

Il y a force et force

Alors, la force est-elle vraiment incompatible avec le tai chi ? C’est certain que de prime abord, si on s’en réfère aux classiques, tous les textes s’accordent pour dire qu’on ne veut pas utiliser « la force brute » mais plutôt une forme de force intelligente. Comme bien souvent en tai chi, l’important est de comprendre ce qu’est la force interne, quels sont les types de forces « musculaires » (entre faire du body building et des exercices de callisthénie, il y a un monde de différence) et en quoi l’un pourrait (ou pas) être compatible ou incompatible.

Le premier élément important à comprendre dans la force interne (nei jin) est l’action « globale » du corps et le rôle fondamental des articulations qui s’ouvrent et se coordonnent. Certains types d’entraînement musculaire peuvent aller « raccourcir » certains muscles, qui, à cause de leur nouvelle masse, vont venir limiter votre amplitude de mouvement et votre habilité à « fermer/ouvrir ». C’est à mon sens le principal danger auquel il faut être attentif dans votre entraînement en dehors de la pratique du tai chi.

D’autres types d’exercices par contre sont parfaitement compatibles, même souhaitables, avec un entraînement de tai chi. Je recommande souvent à mes élèves par exemple de faire des exercices du type planche ou guetteur latéral, car cela permet vraiment de travailler la connexion depuis les jambes jusqu’aux bras en renforçant la stabilité du tronc et de la taille. De même, je considère également qu’un minimum de force physique est souhaitable : si vous ne savez pas faire 10 pompages correctement, et bien… ce n’est peut-être tout simplement pas idéal pour votre santé.

D’autres considérations

Un autre élément qu’il est important à considérer, c’est qu’évidemment, tout temps investi à s’entraîner à autre chose que votre tai chi ralenti, quelque part, votre progression. Mais finalement, c’est surtout une question d’objectif et de juste compréhension de comment vous menez votre entraînement et pour quoi faire.

À mon sens, il n’y a pas une réponse « universelle », et plutôt que de se dire que l’on « peut » ou « ne peut pas », c’est surtout comprendre ce qu’on fait et pourquoi qui va finalement importer.

Pour résumer cet article, ne vous sentez pas coupable d’avoir d’autres pratiques. Celles-ci sont, pour la vaste majorité, tout à fait compatible avec votre pratique de tai chi. La compréhension du corps que vous développez en tai chi va vous permettre de vous aiguiller et comprendre comment faire ces activités d’une manière compatible, voire enrichissante, pour votre pratique du tai chi qui ne se limite pas à votre pratique de la forme, mais qui finalement vient s’inscrire dans votre « adn du mouvement ».

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