Aujourd’hui je pioche dans ma bibliothèque quelques livres selon l’humeur du moment… je partage avec vous mon impression sur ces lectures. Je suis resté sur les livres en français, je ferai sans doute un article sur les livres anglophones dans un avenir proche 😀
Professeur Cheng Man-Ch’ing, un grand maître de Tai chi parle
Cheng Man-Ch’ing est un maître très renommé, car il a introduit le style Yang enseigné par Yang Cheng Fu aux Etats-Unis. Ce que j’apprécie dans ce livre, c’est qu’il est écrit du point de vue d’une personne qui a étudié avec lui. Du coup il est plutôt dirigé vers un jeune pratiquant de tai chi, car nous y découvrons pas à pas les différentes étapes de l’apprentissage parsemées d’anecdotes. C’est aussi une approche intéressante de la culture chinoise, vue par un esprit occidental.
De la fin de ma seconde année d’étude jusqu’à ma septième, j’étais prisonnier d’un dilemne du Tai Chi, le mystère de la « poussée ». Comment peut-on pousser sans pousser?
Wolfe Lowenthal, Professeur Cheng Man-Ch’ing, un grand maître de Tai chi parle, p. 103
Taï-chi-chuan – origines et puissance d’un art martial
Voici un peu un ovni parmi les livres de tai chi de ma bibliothèque. Kenji Tokitsu a pratiqué de nombreux arts martiaux et a une approche très personnelle de l’art du tai chi chuan. J’ai apprécié l’ouverture du livre sur une perspective historique documentée (mieux que la plupart qui se contentent de raconter les mêmes sempiternelles légendes). Une approche qui met en perspective la pratique du tai chi chuan et des enseignements qu’il a tiré auprès de nombreux maîtres.
Quand je réfléchis sur la méthode originelle du taï-chi-chuan, je peux, en me référant à mon expérience, imaginer la réaction des gens qui ont assisté pour la première fois à la présentation du taï-chi-chuan de Yang Luchan. Je peux aisément imaginer que, si celui-ci pratiquait avec force dans la souplesse apparente, les spectateurs ont été incapables d’y percevoir la force dissimulée dans les gestes techniques.
Kenji Tokitsu, Taï-chi-chuan – origines et puissance d’un art martial, p. 82
Applications martiales dans le style Yang classique
Le Dr. Yang Jwing-Ming (il s’appelle Yang, mais rien à voir avec le Yang du style Yang…) est très connu pour avoir publié de nombreux livres. Fort d’une grande expérience de kung fu, il pratique également le tai chi chuan. Le tai chi est un art martial, mais il est parfois bien difficile de comprendre le sens martial des mouvements que l’on pratique. Ce livre donne des idées d’applications pour chaque mouvement de la forme, ce qui peut être utile pour avoir une intention plus claire. Néanmoins, je mettrais quand même un bémol sur ce type d’approche. Essentiellement la dimension martiale du tai chi se pratique sans « technique », elle se base sur l’écoute de son adversaire. Il peut donc être contre-productif de « plaquer » des applications, alors que lorsque l’on écoute son adversaire, la technique vient naturellement. Bon, ça c’est la théorie, mais avoir parfois quelques bases d’applications permet de s’ouvrir des perspectives.
Pour devenir un maître authentique, vous devez vous connaître vous-même, et connaitre également les autres. Comprendre les autres styles, c’est aussi être capable de mieux saisir le sien, de l’évaluer plus objectivement et d’en apprécier à la fois les valeurs et les limites.
Dr. Yang Jwing-Ming, Applications martiales dans le style Yang classique, p.22
Taiji Quan, l’enseignement de Li Guanghua, la tradition de l’école Yang
Et pour termine cette petite sélection, comment ne pas parle de cette belle brique noire. Très complète, avec description de la forme, du dalu, des baduanjin, de la forme avec partenaire (c’est suffisamment rare que pour être mentionné!), des traductions de classiques… il y a la matière à cogiter. Globalement, les descriptions des mouvements sont trop externes que pour être vraiment utiles au-delà de l’aspect aide mémoire… déjà car cela n’explique pas vraiment la final le pourquoi du comment des mouvements, et de plus, il y a de fortes chances que votre style pratique des variantes qui ne corresponde pas vraiment aux descriptions. Malgré tout il y a ici matière à se nourrir, mais plutôt à recommander à un public expérimenté ou alors à des personnes qui suivent un style très proche de ce maître.
On parle souvent de l’énergie que développe progressivement la pratique martiale du souffle intérieur (Qi) dans le Taiji quan. Il est bon pourtant de s’interroger sur la façon dont on développe le Qi et la manière de l’éprouver. […] La pratique martiale aide à sentir la stabilité, la mobilité, la direction de l’intention en relation avec une ou plusieurs personnes. Sa connaissance et son fonctionnement sont bénéfiques. Elle n’est pas seulement technique, elle n’est pas choc entre forces brutales, ni recherche de démonstration.
Jean Gortais, Taiji Quan, l’enseignement de Li Guanghua, la tradition de l’école Yang, p. 242
2 réponses sur « 4 livres pour mieux comprendre le tai chi »
Merci pour votre article.
Avec plaisir! 🙂