Que faire quand un singe vous attaque ? Le repousser bien sûr 🙂 Blague à part, dans cet article nous allons parler du mouvement « Repousser le singe » à gauche et à droite dans la forme du Tai Chi Chuan de style Yang.
Un drôle de nom
Avant de démarrer cet article, une petite note préliminaire sur la traduction de ce mouvement. On traduit souvent « repulse monkey » par repousser « le » singe, comme si le mouvement impliquait qu’un singe nous attaque, mais je me demande sincèrement s’il ne vaudrait pas mieux traduire par « repousser du singe », comme si on repousse un mouvement à la façon d’un singe. Cela semble aussi assez cohérent avec certains qi gong ou mouvement d’art martiaux qui visent à imiter l’agilité et la rapidité du singe. Vous me direz en commentaire ce que vous en pensez …
Il est aussi possible qu’il s’agisse tout simplement d’une erreur de compréhension. Dans le style chen, il existe un mouvement appelé 倒卷肱 (Dao Juan Hong) identifié comme le mouvement équivalent et qui signifie « Dérouler les bras en reculant ». Les mauvaises compréhensions suite à des dialectes différents peuvent arriver, et l’on dit souvent que Yang Lu Chan n’était pas très littéraire… Aurait-il mal compris ce que disait Chen Changxing ? Ceci dit, dans ce cas-ci, les mots sont assez simples et il semble peu probable que Yang Lu Chan les ait remplacés par d’autres mots d’une complexité au moins équivalente. Encore un mystère qui restera à élucider, mais qui nous pousse à prendre le nom du mouvement avec des pincettes…
Dans le tai chi chuan
Mouvement présent dans la 2ème section de la forme longue, « Repousser le singe » introduit les pas en arrière et agit un peu comme un brosser du genou à reculons. Dans l’idée du mouvement, il s’agit de reculer et tirer d’un côté, et repousser de l’autre.
Une toute récente vidéo de Guan Nan Wang nous parle des différentes interprétations qui existe et nous partage également la sienne. J’aime bien comme il met en évidence que les applications qui partent du principe que quelqu’un nous saisit le poignet ne sont pas très réalistes. Pourtant, ce sont celles que l’on retrouve le plus souvent alors que ce n’est pas cela que l’on retrouve dans le san shou. Avoir quelqu’un qui nous tient le poignet reste très utile pour « tester » le mouvement et s’assurer que l’on est bien connecté.
Dans le san shou
Ce mouvement se retrouve répété trois fois dans le san shou aux mouvements 75, 77 et 79 et termine avec une frappe au visage. Il vient contrer un poing et deux gifles au visage.
75 – A, avant que le coup de poing volant n’arrive, creusez rapidement votre poitrine et arrondissez votre dos, asseyez-vous sur votre jambe droite, votre corps allant vers l’arrière pour neutraliser légèrement, votre main gauche allant vers la droite et vers le bas pour enfoncer et neutraliser le poing droit de B, votre main droite allant avec l’élan de rotation vers la droite de vos hanches pour neutraliser la main gauche de B.
77 – A, avant que la gifle de B ne soit arrivée, recule rapidement son pied gauche, creuse son torse et arrondit son dos, s’assoit sur sa jambe gauche, son corps allant vers l’arrière pour neutraliser légèrement, sa main droite allant vers la gauche et vers le bas pour enfoncer et neutraliser la paume gauche de B, sa main gauche allant avec l’élan de rotation vers la gauche de ses hanches pour neutraliser la main droite de B.
79 – A, avant que la gifle n’arrive, recule rapidement son pied droit, creuse sa poitrine et arrondit son dos, sa main gauche accompagnant l’élan de ses hanches qui tournent [vers la droite] et neutralisent vers l’arrière, allant vers la droite pour enfoncer et neutraliser la paume droite de B. En même temps, votre main droite suit l’élan pour neutraliser la main gauche de B, puis va vers l’avant pour retourner un coup de paume bondissant au visage de B.
(A est gris, B est blanc)
A nouveau on peut voir ici comment l’exécution dans la forme d’un mouvement peut différer de ses applications pratiques et à quel point il peut être peu réaliste de chercher à appliquer « tels quels » les mouvements de la forme de manière martiale.
Dans le san shou, les mains servent à intercepter rapidement une succession d’attaque au visage et seul le dernier mouvement exprime une frappe de la paume (alors que dans la forme, chaque mouvement marque une attaque). Ce mouvement, exécuté à trois ou cinq reprises suppose une série d’attaques et un contact permanent avec l’adversaire tout au long de l’enchaînement. Seule la frappe de la paume vient « terminer » l’offensive adverse (frappe qui sera contrée par Avancer jusqu’aux sept étoiles).
Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à lire le précédent sur le simple fouet.