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L’aiguille au fond de la mer – 海底针 – Hǎi dǐ zhēn

L’aiguille au fond de la mer constitue un mouvement un peu à part dans la forme par sa dimension « verticale ». Alors, faut-il se pencher, s’incliner, aller bas ? Est-ce une clé, une projection ? Explorons plus en détail ce mouvement.

À nouveau, c’est un post de reddit qui va me servir de support pour cet article. Ce n’est pas moins de 18 vidéos qui y sont référencées avec de nombreux commentaires pour la plupart intéressants. Voici ma petite sélection.

Dans la forme du tai chi

Située entre un brosser du genou et séparer les mains comme un éventail, l’aiguille au fond de la mer vise à plonger sa main vers le bas tout en arrondissant le dos.

Un bel exemple d’application nous est fournit par Liang de hua à partir de 1:00:

海底針 or Needle at the Sea Bottom class last weekend (9-10/12/23).海底針 or Needle at the Sea Bottom class last weekend (9-10/12/23).

Je profite de cette vidéo pour soulever des points qui méritent d’être examinés dans votre pratique :

  • Est-il pertinent de s’accroupir ? C’est une problématique similaire au serpent qui rampe : la fonctionnalité martiale du mouvement ne requiert, a priori, pas de s’accroupir. Donc si on le fait, c’est simplement pour le plaisir de l’exercice, ce qui est une raison valable, mais autant en être conscient.
  • Que fait votre main gauche ? Ici dans cet exemple d’application, la main gauche tient le poignet tandis que la main droite agit au niveau du coude de l’adversaire. Dans beaucoup d’écoles, on retrouve néanmoins la main gauche posée au niveau du poignet droit (voir ci-dessous dans le san shou). À nouveau, il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse, mais c’est important de considérer qu’il existe des variantes de ce mouvement.
太極拳実技 “海底針”太極拳実技 “海底針”
Exemple typique où la main gauche sert à coincer la main de l’adversaire
  • Faites-vous un demi pas ? Après le brosser du genou, vous avez l’opportunité, lorsque vous soulevez le pied droit, de faire un demi pas pour avancer légèrement. Dans ma forme, je repose généralement le pied au même endroit, mais j’aime aussi parfois faire le demi pas. En tout cas, ce mouvement sert d’amorce et viser à « tirer » vers l’arrière. Par exemple, Yang Jun repose son pied quasiment sur place, tandis que Hai Di Zhen fait le demi pas.
  • Se pencher ou s’incliner ? Dans beaucoup de vidéos, incluant celle de Yang Jun, le pratiquant se penche vers l’avant. À titre personnel, je n’aime pas cela car cela pose deux problèmes : beaucoup d’élèves pensent qu’il suffit de se pencher, sans action au niveau des kuas. En réalité, se pencher est l’étape facultative (vous n’allez probablement pas vous pencher comme cela lors de l’application martiale) alors que l’action de kuas, elle, est indispensable. Je préfère nettement l’idée de s’assoir, arrondir le dos, et de manière générale, trouver comment mettre de la masse derrière sa main pour plonger vers le bas. C’est cela, à mon sens, le vrai travail interne. Dans le même ordre d’idée, est-il vraiment utile d’aller chercher « bas » au point de presque toucher le sol ?
海底針實戰用法,太極拳技擊練法講解,力沉海底的武術技法海底針實戰用法,太極拳技擊練法講解,力沉海底的武術技法
Dans l’application : on ne se penche pas, on ne s’accroupit pas… c’est surtout « vers le bas » qui importe.

Dans le san shou

Mouvement 81 du san shou, l’aiguille au fond de la mer est décrite ainsi (A est en gris, B en noir) :

A, avant que le coup de pied n’arrive, creusez votre poitrine et arrondissez votre dos, descendez avec votre taille et accroupissez votre corps vers le bas, en allant légèrement vers l’arrière pour neutraliser, votre main droite saisissant le poignet droit de B, votre main gauche placée sur l’arrière de votre propre poignet droit, les deux mains en même temps accompagnant vos hanches pour cueillir vers le bas.

Je pense qu’il est intéressant de ne pas considérer ce mouvement trop isolément et de le voir dans la séquence :

Clairement ici l’action est de « redescendre » l’adversaire en lui saisissant le bras et empêcher le coup de pied.

On note ici l’utilisation de la main gauche pour appuyer sur le poignet et renforcer l’action de la main droite qui saisit le poignet de l’adversaire. J’ai déjà aussi vu cette main gauche utilisée pour « piéger » la main de l’adversaire.

Dans ma forme, cette action n’est pas explicitement faite (la main restant près de la cuisse gauche après le brosser du genou) et je pense que de manière générale, la main droite a une action « autosuffisante » (par exemple, pour se libérer d’une prise au poignet, tout en faisant autre chose de sa main gauche).

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