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La Forme Moyenne du Tai Chi Chuan

Dans cet article, je vous fais un petit compte rendu pour vous aider à comprendre les origines de la Forme Moyenne du Tai Chi Chuan.

Évolution des formes

Lorsque l’on parle de la forme traditionnelle du Tai Chi Chuan style Yang, on serait tenté de croire qu’il s’agit d’une même forme transmise de génération en génération. En réalité, rien n’est moins vrai : chaque génération de maître apporta sa pierre à l’édifice du style Yang.

Yang Lu Chan, le créateur du style Yang, favorisait la Petite Forme (Small Frame), une pratique compacte et idéale pour des combats en quartier rapprochés. Nous ne savons pas grand chose de ce style Yang des origines. Il devait être encore fort influencé par le bagage martial de Yang Lu Chan et de ses apprentissages en village Chen.

Yang Chien Hou, son fils, développa la Forme Intermédiaire (Middle Frame), une version élargie de la Petite Forme, afin de rendre ses mécaniques plus explicites. 

Enfin, Yang Chengfu, le fils de Yang Chien Hou, créa la Forme Large (Large Frame) à partir de cette Forme Intermédiaire, la plus répandue de nos jours, qui a été mise au point afin de favoriser la santé, mais au détriment de la puissance martiale. Il s’agissait alors de populariser la pratique du Tai Chi Chuan.

Il existe évidemment de nombreuses variantes, mais nous allons nous intéresser à la quatrième grande façon de pratiquer la forme.

Forme Moyenne, une forme pour la santé et le combat

La Forme Moyenne (Medium Frame) a été créée par Yang Shou Zhong sur la base de la forme large de son père, Yang Chengfu. Il trouvait cette forme trop “relâchée”, rendant difficile la concentration et la mobilisation de l’énergie interne.

Comme la forme moyenne est basée sur la forme large, elle partage beaucoup de ses caractéristiques, à commencer par la séquence qui est presque similaire. Cela participe régulièrement à la confusion entre les deux formes.

Les distinctions les plus notables sont :

  • Les mouvements ont plus souvent une composante carrée
  • L’alignement est essentiel, avec une claire distinction entre le plein et le vide
  • La rotation de la taille est plus limitée que dans la forme large afin de ne pas compromettre l’exécution du mouvement

Ces caractéristiques rendent les aptitudes développées par la forme facilement mobilisables pour l’entraînement martial, en plus des bénéfices pour la santé : équilibre, mobilisation de tout le corps, circulation sanguine améliorée, alignement postural.

Une des caractéristiques les plus flagrante de cette forme est sa posture jambe avant, légèrement inclinée vers l’avant, qui vise à focaliser l’énergie dans une seule direction.

Pour ceux qui veulent se faire une idée, nous disposons d’une vidéo (d’une qualité médiocre, mais c’est mieux que rien) de cette forme. Ne manquez pas non plus mon autre article avec les 10 vidéos à ne pas manquer.

Principes

1. Le corps doit être aligné. La tête est comme suspendue par un fil. On peut imaginer qu’elle soutient le ciel. Lors de la pratique, on peut penser que l’on a une tasse sur la tête et qu’il ne faut pas renverser son contenu. Le coccyx est pointé vers le sol, naturellement, en relâchant les hanches.

2. Amener le chi au dan tien. Pour cela, exercer une respiration abdominale naturelle, profonde et régulière, lors de la pratique. A l’inspiration, exécuter les mouvements de fermeture et à l’expiration, les mouvements d’ouverture.

3. Détendre les épaules et descendre les coudes. Garder les épaules basses permet de les garder connecter au tronc et de les détendre. Les coudes sont lourds, comme attirés par la terre.

4. « Creuser la poitrine et étirer le dos ». Cette phrase est souvent mal comprise, il ne s’agit pas de comprimer la poitrine, ce qui aurait un effet oppressant. Il faut simplement laisser le dos s’élargir grâce aux omoplates. Cela va venir naturellement « creuser » la poitrine. L’un ne va jamais sans l’autre, ces deux composants sont liés.

5. L’harmonie interne et externe. L’harmonie interne est atteinte lorsque l’esprit permet de  manifester une intention, qui va se traduire dans le corps par des effets concrets. Cette intention sera renforcée si l’harmonie externe (du corps) est présente (le haut en accord avec le bas). Tous les mouvements sont coordonnés. Tout le corps suit lorsque la taille se déplace. Les mains atteignent leur destination lorsque le poids du corps finit de se transférer.

6. Marcher comme un chat. A la fois stable comme une montagne, mais avec les pas légers et souples d’un chat. Le pied touche le sol sans faire de bruit et sans créer de déséquilibres dans le corps lors du déplacement.

7. Tous les mouvements sont lents. Chaque mouvement est exécuté comme si on tirait un fil de soie très fragile, sans interruption. Le mouvement est lent, régulier et continu. Lorsqu’un mouvement s’arrête, un autre commence.

Sources

L’essentiel des informations de cet article proviennent du livre de Vincent Chu « Tai Chi Chuan – A Comparative Story », 2010, Tai Chi Company, une lecture que je vous recommande vivement 😉

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